Les grandes surfaces boisées emmagasinent le dioxyde de carbone et rafraîchissent l'air. Sous l'effet du soleil, l'eau absorbée par les arbres s'évapore, formant de la vapeur. Ainsi se forment les nuages qui engendrent la pluie.

Les incendies, la déforestation et le dépérissement des arbres viennent interrompre ce processus et privent l'atmosphère de l’effet rafraîchissant. Ce cercle vicieux accentue le changement climatique.
De ce fait, près de la moitié de la forêt humide d'Amazonie pourrait se transformer en paysage désertique d'ici 25 ans.

Les forêts françaises

Avec 17,1 millions d'hectares de superficie, en constante évolution depuis 1985, nos forêts métropolitaines représentent 31 % du territoire. Avec plus de 190 essences d'arbres, ce capital, d'une grande richesse biologique, nous place au quatrième rang dans le classement des pays européens les plus boisés, après la Suède, la Finlande et l'Espagne.

Les territoires d'outre-mer, Guyane, Martinique, Guadeloupe, Réunion, Mayotte, possèdent ensemble un important et riche patrimoine forestier tropical. La Guyane, couverte à 95 % par la forêt amazonienne, en représente l'essentiel, avec ses 8 millions d’hectares. Dans ces territoires, la biodiversité est démultipliée, avec la présence d’un grand nombre d'espèces endémiques. Un trésor biologique !

Un levier essentiel contre le changement climatique

L'année 2022 a été marquée par des feux de forêts hors norme. 62 023 hectares ont été brûlés, contre 9 120 en moyenne par an, entre 2006 et 2021.
Bien qu'elles apparaissent comme une solution au réchauffement climatique, les forêts n'ont malheureusement pas le temps de s'adapter et souffrent gravement des variations de température ressenties et des périodes de sécheresse de plus en plus longues. Les arbres sont privés d'eau. Les changements météorologiques entraînent une augmentation des inondations, des incendies et des tempêtes. Depuis 2018, 300 000 hectares (3 fois la taille de Paris) boisés sont en état de dépérissement, selon l'ONF. Afin d'éviter la prolifération des maladies sur les arbres sains, des coupes de sauvegarde sont nécessaires, diminuant et fragilisant d'autant les surfaces restantes.

Forêts publiques ou privées : à qui appartiennent-elles ?

La France compte trois grandes catégories de propriétaires forestiers :
- Les forêts du domaine de l'État ou domaniales (1,7 million d'hectares), étaient des propriétés royales ou abbatiales qui ont été confisquées à la révolution, en 1789. Ce sont aussi les implantations sylvicoles installées dans le but de protéger les sols en montagne ou sur le littoral.
- Les domaines forestiers des collectivités territoriales, propriétés des communes, des régions et de certains établissements publics (hôpitaux, agence des espaces verts d’Île-de-France, conservatoire du littoral), représentent 3 millions d'hectares.

Ces deux types de patrimoines publics sont gérés majoritairement par l'ONF (Office national des forêts).
- Le troisième groupe, le plus important en surface, est constitué par les forêts privées avec 12,6 millions d'hectares (23 % du territoire). Elles appartiennent à 3,5 millions de personnes physiques regroupées au sein du Centre national de la propriété forestière (CNPF), établissement public chargé du développement de la gestion durable.

Dans les Dom, Guadeloupe, Martinique et Réunion, 233 000 hectares de terres boisées appartiennent à l'État, seuls 80 000 hectares sont possédés par des personnes privées. En Guyane, hors parc amazonien, il n'existe pas de forêts appartenant à des particuliers, les 8 millions d'hectares sont du domaine de l'État.

L'Office national des forêts

L’ONF gère les forêts publiques, depuis 1964. Ses agents sont responsables des dynamiques naturelles, sélectionnant les arbres à couper, organisant l'accueil du public, protégeant la diversité et s'assurant que le code forestier soit respecté. Ils assurent la surveillance de l'intégrité foncière du domaine forestier, la conservation des ouvrages et la protection des peuplements des milieux naturels. Mais, comme la plupart des services publics ou apparentés, les gouvernements n'ont eu de cesse d'organiser leur privatisation en conditionnant leur fonctionnement à une rentabilité financière. Pour l'ONF, les missions et les personnels ont été soumis au diktat de l'équilibre budgétaire en ajustant les dépenses au fruit de la vente du bois coupé. Comme le cours du prix du bois fluctue, et souvent à la baisse, l'effectif des personnels a suivi la même courbe, un tiers du nombre de salariés a été supprimé en 25 ans, alors que les missions n'ont cessé d'augmenter.

Les politiques regardent ailleurs

Les forêts stockent le carbone, produisent du bois, matériau renouvelable, contribuent à limiter le réchauffement climatique, fournissent des habitats et de la nourriture pour nombre d'espèces végétales et animales, aident au maintien de la diversité. Mais, malgré cela, les gouvernements ont les yeux rivés sur le prix du stère de bois, les pourcentages de rentabilité à l'hectare et l’obsession de faire baisser la masse salariale du secteur public.

La forêt est un bien commun, une richesse nationale et internationale, un enjeu du changement climatique, il ne faut pas la laisser aux mains de politiques cauteleux.

Yolande Bachelier